Power and love

(traduction libre d’extraits du livre anglais « Power and love »)

Je suis tombé amoureux de Dorothy, mais ce livre (Power and Love), n’a rien d’un roman d’amour. Il veut exprimer autre chose. J’ai remarqué que Dorothy avait un autre type de relation avec les autres que moi. Comparée à moi, elle était plus empathique et généreuse dans ses relations avec la famille, les voisins et même les étrangers. Elle s’intéressait plus à qu’ils attendaient d’elle et moins à ce dont elle-même avait besoin. Dorothy était une professionnelle accomplie et respectée, et leader d’une communauté noire mais elle était moins préoccupée que moi par sa réalisation personnelle. Elle semblait mue par autre chose et je sentais que j’avais quelque-chose à apprendre d’elle.

Dorothy et moi avions une conception différente de l’éducation. Au début de notre mariage, nous nous disputions souvent à propos des enfants. Je voulais les pousser pour qu’ils deviennent autonomes, en apprenant, travaillant, sortant de la maison, mais elle me trouvait insensible. Dorothy voulait aussi aider les enfants à grandir, mais elle pensait qu’ils avaient besoin d’être couvés au sein de la famille, nourris, protégés, et je la trouvais trop indulgente.

Après Montfleur [un coaching en Afrique du Sud à propos de l’apartheid] Dorothy a créé son entreprise en aidant les gens de sa communauté noire à épargner et à investir. Elle n’était pas très intéressée par mon travail de consultant [spécialiste de l’accompagnement des conflits sociaux], mais nous avons travaillé une fois ensemble pour aider la conférence des évêques anglicans sud-africains à élaborer leur stratégie. Dorothy avait choisi de s’asseoir au milieu de l’assemblée et d’écouter. Pendant les pauses, elle parlait avec les évêques présents. Quand nous avons lu les évaluations quotidiennes du travail, j’ai été frappé de constater qu’ils avaient apprécié ce que nous avions fait tous deux, et qu’ils avaient vu nos deux rôles comme un tout. Ils appréciaient son empathie tranquille autant que mes propos directifs.

J’en suis venu à considérer la complémentarité de nos orientations et comportements comme l’expression des deux moteurs que sont l’amour et le pouvoir. Selon Paul Tillich, le pouvoir, qui est le moteur de la réalisation de soi, se manifeste par l’expression de soi et par l’indépendance. L’amour, qui est le moteur permettant de rallier les plus faibles, se manifeste par la relation et l’empathie. Dorothy et moi avons ces deux moteurs, mais ce n’était pas le même qui dominait chez l’un et chez l’autre.